Un bout de mon histoire
Un jour, ma fille, alors âgée de 7 ans, m’a regardée avec ses grands yeux pleins de questions et m’a demandé :
« Je suis quoi, moi ? »
Elle cherchait à savoir d’où elle venait entre son papa créole et sa maman zoreille aux origines multiples.
Je lui ai répondu c'est phrase qui résonne en moi à chacun de mes accompagnements
« Tu es une enfant du monde. Comme nous le sommes tous. »

Je m’appelle Delphine. Je suis née dans un quartier populaire de la Seine-Saint-Denis, ce 93 qui m’a appris très tôt la force de la résilience et la valeur de l’entraide. C’est là que j’ai grandi, entourée d’histoires multiples, de cultures qui se croisent et de vies qui s’entrelacent.
En 2014, j’ai suivi mon compagnon réunionnais et j’ai traversé la mer pour m’installer sur cette île magnifique qu’est La Réunion. Dix années de vie m’ont menée de Saint-Louis à Saint-Benoît, en passant par Saint-André où j’ai finalement choisi de poser mes valises.
Ici, j’ai découvert l’histoire de l’île, ses forces, ses fragilités, sa détermination. Ici, j’ai trouvé ce que je n’avais jamais eu ailleurs : des racines.
Avant ce tournant, j’ai passé plus de 26 ans dans le monde de l’entreprise : 12 ans en médecine préventive et santé publique, puis 14 ans dans la communication interne, institutionnelle et événementielle. Mais au fil du temps, ce cadre est devenu trop étroit pour moi. Je n’avais plus envie d’avoir de patron. Je ressentais le besoin profond de retrouver le sens, de me tourner vers l’essentiel : l’humain.
C’est ainsi que j’ai choisi de me reconvertir et d’entreprendre deux années d’études à l’École Française de Sophrologie. Ce fut une rencontre décisive. La sophrologie s’est imposée comme une évidence, une voie pour transformer les épreuves de la vie en force et accompagner celles et ceux qui, comme moi, cherchent à retrouver équilibre et sérénité.
Mais je suis de nature curieuse, toujours avide d’apprendre. J’ai plongé dans l’univers des jeunes, de 7 à 20 ans, pour comprendre leur monde. Pas pour les suivre, mais pour m’immerger dans leurs réalités : les réseaux sociaux qui façonnent l’image de soi, les violences qui marquent, les doutes qui enferment, les solitudes silencieuses. J’ai même mis ma pratique entre parenthèses pendant un an pour aller à leur rencontre. De cette immersion est née "Ma petite philo", une gamme d’outils de prévention : des histoires à raconter, des jeux pour réfléchir autrement, ouvrir le champ des possibles. Et parce qu’on n’élève jamais un enfant seul, des actions à destination des parents ont vu le jour, autour de la parentalité à l’ère moderne.
En parallèle, une grande partie de mon chemin s’est construit auprès des femmes victimes de violences intrafamiliales. Ce combat me touche au plus intime, car il résonne comme un écho à mon histoire. L'écoute, le respect, l'accompagnement sans jugement, mais avec délicatesse. Mes engagements aux côtés des associations et des forces de l’ordre m’ont permis d’apporter un soutien ajusté. De cette expérience de mon propre récit de vie et de celui de ces femmes, est née "La Maison des Mots Cachés", un espace immersif unique pour comprendre, sensibiliser et ouvrir le dialogue sur les violences et l’inceste.
Et puis il y a les couples. Ceux qui viennent quand le chemin devient flou, quand les voix ne s’entendent plus, quand les cœurs ne se reconnaissent plus. Parfois, c’est l’envie de se retrouver. Parfois, c’est l’ombre de la séparation. Parfois encore, l’un veut rester, quand l’autre a déjà un pied dehors. Ce travail m'a permis de mettre en place les ateliers : "C'est l'histoire d'un couple" et produire le guide d'accompagnement "Le couple en question".
Chaque rencontre, qu’il s’agisse d’un jeune, d’une femme, d’un homme, d’une famille, est pour moi une source d’apprentissage. J’écoute, je crée, j’adapte. J’avance avec eux, et grâce à eux. Chaque parcours, chaque histoire nourrit ma recherche, m’inspire de nouveaux outils et me pousse à réinventer sans cesse la prévention et l’accompagnement.
Aujourd’hui, certains de mes projets sont portés par des associations engagées dans le champ du vivre-ensemble et de la prévention. Car au fond, tout ce que je fais se résume à une conviction simple : c’est en étant sur le terrain, au plus près des vies réelles, que l’on invente de nouvelles façons d’accompagner.
La sophrologie n’est pas seulement une méthode que je pratique. Elle est devenue le fil rouge de mon histoire, le lieu où mon vécu rencontre celui des autres.
C’est dans cette humanité partagée, au fil des rencontres, que je poursuis ma voie, guidée par une conviction profonde : accompagner, transmettre et créer.